Chapitre 4 - Les charges de la cavalerie

Le spectacle de ces charges effroyables évoque celles du passé, celles menées par la chevalerie française, grandiose, pesante mais à Waterloo, un tel mouvement est insensé.
En effet, il est inconcevable d'attaquer de l'infanterie bien rangée et non entamée, qui plus est, sans soutien d'artillerie ou de fantassins. La puissance des feux de files provenant des carrés d'infanterie anglaise est largement supérieure à celle des pistolets et des carabines des cavaliers français.

28th Gloucester Regiment at Waterloo by William Barnes Wollen

L'étroitesse et le dénivelé défavorable du terrain, l'amoncellement des cadavres d'hommes et chevaux tombés au cours des premières vagues d'assaut, ne permetteront pas non plus le déploiement d'une telle masse de cavalerie ..

Détail du parcours des charges de la cavalerie française.

 

Alexander MERCER décrit ces charges dans son "journal de la campagne de Waterloo" et on est bien loin des clichés fougueux du film de Bondartchouk :

" La colonne monta alors une fois de plus sur le plateau et messieurs les tirailleurs se retirèrent à droite et à gauche pour laisser la place à la charge. Le spectacle était imposant et si jamais le mot sublime fut exactement appliqué, il pouvait sûrement l'être à celui-ci. Les cavaliers avançaient en escadrons serrés, l'un derrière l'autre, si nombreux cette fois que l'arrière était encore caché par la crête lorsque la tête de la colonne n'était qu'à 60 ou 80 yards de nos canons. Leur allure était un trot lent, mais soutenu. Ce n'était pas là une de ces furieuses charges au galop, mais l'avance, à une allure délibérée, d'hommes décidés à arriver à leurs fins. Ils marchaient dans un profond silence et le seul bruit qu'on entendait à travers le rugissement incessant de la bataille était le roulement sourd du sol foulé par les pas simultanés de tant de chevaux."

Ney qui a plusieurs chevaux tués sous lui persiste dans ses charges alors qu'il sait son erreur. Il exige du soutien qu'il puise dans les troupes à cheval de Kellermann, il va jusqu'à entraîner la cavalerie lourde de la vieille garde, les fameux Grenadiers à Cheval accompagnés des Dragons de l'Impératrice aux ordres de Guyot. Au total, près de 10000 cavaliers français seront impliqués dans cette charge folle.

La cavalerie napoléonienne entre héroïquement dans l'Histoire en chargeant une dizaine de fois et en s'emparant de plusieurs drapeaux.